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HECATOMBE
1. Au marché de Briv'-la-Gaillarde A propos de bottes d'oignons. Quelques douzaines de gaillardes Se crépaient un jour le chignon- A pied, à cheval, en voiture, Les gendarmes, mal inspirés, Vinrent pour tenter l'aventure D'interrompre l'échauffouré'
2- Or, sous tous les cieux sans vergogne, C'est un usag' bien établi, Dès Qu'il s' agit d'rosser les cognes Tout l' monde se réconcili'. Ces furi's, perdant tout' mesure, Se ruèrent sur les guignols, Et donnèrent je vous l'assure, Un spectacle assez croquignol
3. En voyant ces braves pandores Etre à deux doigts de succomber, Moi, j' bichais, car je les adore Sous la forme de macchabé's- De la mansarde où je réside, J' excitais les farouches bras Des mégères gendarmicides, En criant : "Hip, hip, hip, hourra ! "
4. Frénétiqu', l'une d'elle' attache Le vieux maréchal des logis, Et lui fait crier . "Mort aux vaches - Mort aux lois - Vive l'anarchi' , - " Une autre fourre avec rudesse Le crâne d'un de ces lourdauds Entre ses gigantesques fesses Qu'elle serre comme un étau.
5- La plus grasse de ces femelles, Ouvrant son corsag' dilaté, Matraque à grands coups de mamelles Ceux qui passent à sa porté'- Ils tombent, tombent, tombent, tombent, Et, s'lon les avis compétents, Il paraît que cett' hécatombe Fut la plus bell' de tous les temps.
6. Jugeant enfin que leurs victimes Avaient eu leur content de gnons, Ces furi's, comme outrage ultime, En retournant à leurs oignons. Ces furi's, à peine si j'ose Le dire, tellement c'est bas Leur auraient mêm' coupé les choses Par bonheur ils n'en avaient pas . |
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